Elle s'appelait Julienne
Elle s’appelait Julienne.
Elle a eu quatre enfants, et a connu la douleur d’en perdre un trop jeune.
Elle vivait à Marseille dans le petit quartier de l’Estaque où elle y avait ses habitudes depuis de nombreuses années : le boulanger, le maraicher, le buraliste.
Elle avait 5 petits-enfants et 3 arrières-petits enfants. Dans sa petite maison, à la décoration simple et à son image, s’affichaient sur tous les murs et les étagères les photos d’enfants souriants, de jeunes mariés, des photos de ses proches.
Elle s’appelait Julienne. et je la connaissais peu. Je l’ai rencontrée il y a cinq ans lors de ma première visite à Marseille. Je me souviens de sa gentillesse, je me rappelle qu’elle avait alors dit à mon futur époux que j’étais jolie, je crois même qu’elle avait fait un clin d’oeil. Je me rappelle surtout de ses yeux, qui traduisaient son humeur et surtout la façon dont ils brillaient à chaque fois qu’on lui rendait visite. Je me rappelle cette phrase, prononcée à maintes reprises lors de sa première rencontre avec chacun de ses arrière-petits-enfants « Quelle merveille, quelle merveille ». Elle qui ne voulait pas les réveiller mais mourrait d’envie de les prendre dans ses bras.
Julienne, je la connaissais peu et en même temps, j’avais l’impression de tout savoir d’elle. Peut-être parce qu’elle était à l’image de toutes les mamies du monde : douce, curieuse, fans de ses enfants, petits et arrière-petits-enfants, avec la sagesse que seules les années de vie peuvent vous apporter et le franc-parler que seul l’âge peut autoriser.
Peut-être aussi parce que Julienne, c’était la mamie de mon mari, celle qui était sa nounou dans ses plus jeunes années, celle qui lui grattait la tête pendant des heures et lui cuisinait de bons petits plats.
Julienne nous a quittés il y a une semaine. Même si sa vie lui a offert 92 belles années, ça semblera toujours trop tôt, trop court, trop vite pour tous ceux qui l’ont aimé.
J’aurais aimé que Ju’ puisse voir mes enfants grandir, manger des pizzas du camion avec eux et regarder Plus belle la Vie encore une fois, rien qu’une fois, avec elle.
Julienne nous a quittés et, la faute à la distance, je n’ai pas pu assister à ses obsèques. J’aurais aimé être là, lui rendre un dernier hommage, lui dire au revoir. Je ne suis pas toujours douée à l’oral, je ne trouve pas toujours les mots qu'il faut pour réconforter, pour soulager ceux qui souffrent. Alors puisque les mots ne sortent pas de ma bouche, ils seront inscrits sur l'écran et je lui ai donc fait une petite place sur notre blog. Et je suis sûre que ça lui plairait, qu’on parle d’elle ici, entre les photos des enfants et nos sorties en famille. Parce que la vie continue, que les enfants grandissent et qu’il faudra faire sans.
Au revoir Grand-Mamie Ju’, puisque c’est le nom que nous t’avions donné pour NumberOne et NuméroBis.
Au revoir Grand-Mamie Ju’, toi qui m’a offert un rock aux 50 ans de ton dernier garçon, alors que je n’étais alors que la pièce rapportée, tu m’as montrée que j’avais ma place parmi vous.
Au revoir Grand-Mamie Ju', je ne veux pas oublier ces yeux rieurs, cet éclair que nous avions réussi à capturer l’espace d’un instant, dans cette photo :